
Une fois, tandis que saint Martin de Tours entrait par les portes de la ville, il rencontra un mendiant à demi nu, presque totalement engourdi par les gelées fortes et cruelles. Ceux qui passaient auprès de lui ne le regardaient pas et le laissaient sans aide, vraisemblablement parce qu'ils étaient eux-mêmes dans le besoin et qu'ils n'avaient pas de superflu. Saint Martin lui aussi n'avait plus rien ; il ne pouvait donner aucune aumône au pauvre parce qu'il avait déjà distribué tout son argent. Mais son cœur se serra d'affliction et de compassion à la vue du malheureux. Alors, sans réfléchir longuement, désirant seulement prêter au malheureux une aide rapide, saint Martin retira prestement sa ceinture militaire, ôta son manteau et le divisa en deux; il donna une des moitiés au pauvre qui souffrait du froid ets 'enveloppa lui-même dans la partie restante. Quelques passants virent le geste de saint Martin ; ils se moquèrent de lui à la vue de son vêtement étrange. Mais le cœur du soldat miséricordieux était empli de joie ; il ne fut pas troublé par les moqueries, gardant à la mémoire la parole du Divin Sauveur :
«J'étais nu, et vous M'avez vêtu; J'étais malade, et vous M'avez visité; J'étais en prison, et vous êtes venus vers Moi. Les justes Lui répondront: Seigneur, quand T'avons-nous vu étranger, et T'avons-nous recueilli; ou nu, et T'avons-nous vêtu ? Quand T'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers Toi ? Et le Roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de Mes frères, c'est à Moi que vous les avez faites (Mt. XXV, 36-40).»
La vie de Saint Martin le Miséricordieux, évêque de Tours