La simplicité de saint Porphyre

J'étais aussi très simple, sans connaissance des usages du monde, ni de conduite à tenir en société. Je ne connaissais rien des manières du bon comportement, parce que j'avais grandi sur la montagne. J'étais certes resté quelque temps chez mon parrain, au Pirée. Mais, là aussi, je m'occupais de moi tout seul. Ses filles me laissaient à manger. Je mangeais seul et dormais dans le grenier. Ce qui fait que je ne savais pas la manière dont il faut, à table, tenir la fourchette, la cuillère, etc. Écoutez aussi, que je vous dise quelque chose. Moi, je n'allais pas là où l'on m'invitait. Une fois pourtant, on m'avait invité pour lire les prières à la Mère de Dieu au chevet d'une malade, laquelle travaillait à côté de la Polyclinique, près de la mairie. C'était une très bonne dame, très pieuse de surcroît. Or, le temps d'aller jusqu'à chez elle et le temps de lire les prières, l'heure était avancée et l'on me pressait d'accepter : 


« Reste manger avec nous.

- Non, dis-je, je ne peux pas. Moi, je dois partir.

Le mari dit : 

- Nous considérons cela comme un signe de grand mépris, puisque tu es à jeun. Cela, mon Père, nous fera vraiment de la peine. Fais-nous cette grâce. Notre petite fille est aussi avec nous. »


Ils avaient une petite fille. C'étaient de jeunes mariés. La petite fille était très gentille. 

Dans ces conditions, j'acceptai. Je dis la prière, bénis la table et nous nous mîmes à manger. Et la toute petite fille, voyant ma manière de manger, s'écria : 


« Maman, il ne tient pas bien sa cuillère.

Et les parents : 

- Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! 

Peu après : 

- Il ne tient pas bien la cuillère. »


Ah ! Que m'était-il arrivé là, au pauvre petit malheureux ! Je les regardais, pour voir comment ils tenaient leur cuillère et j'arrangeai la mienne. Après, je ne sais plus trop ce qu'ils m'ont servi qu'il fallait manger avec la fourchette

Eh bien, la petite de sursauter derechef : 


« Il ne tient pas bien la fourchette ! »


Oh ! la la ! qu'est-ce qui m'est arrivé ! Je veux dire par là à quel point j'étais simple...


Saint Porphyre - vie et paroles

Miracles de saint Justin Popovic

 


Cette année là, un grand miracle survint à la boulangerie du monastere des Saintes Cellules (près de Valjevo, en Serbie, où le père Justin Popovic avait été confiné par le pouvoir communiste). Quarante religieuses vivaient alors dans ce monastère, et c'est mère Nina qui était responsable de la cuisine. Un soir, alors qu'elle venait de faire cuire le pain pour le dîner, elle s'aperçut qu'il ne lui restait plus qu'un petit peu de farine. Elle s'en plaignit auprès de ses sœurs pendant le dîner, et le père Justin dit alors : « Priez Dieu, le Seigneur veille sur nous ! » Le lendemain matin, lorsque mère Nina entra dans la boulangerie, elle y découvrit deux grands sacs pleins de farine. Père Justin, mère Sarah et toutes les moniales virent ce miracle et, tous ensemble, ils remerciérent le Seigneur. Année 1952.


L'instituteur Milovan, originaire du village de Stava près de Valjevo, souffrait d'une gravem aladie mentale. Un soir, sa mère l'amena au monastère des Saintes Cellules pour assister aux vêpres. IIs passèrent la nuit au monastère. À 4 heures du matin, ils allèrent à l'église. Avec eux se trouvait soeur Anisija. À l'entrée de l'église, Milovan fût pris de vomissements et perdit soudain tout contrôle de lui-même. Sa mère savait que, lorsque cela arrivait, il pouvait devenir dangereux et elle cria à la moniale de s'enfuir. Or, à cette époque, des travaux de construction étaient en cours au monastère et 20 ouvriers y étaient occupés. Ils étaient tous croyants et, tous les matins, à 4 heures, ils allaient d'abord à l'église, puis au travail. Tout d'un coup, Milovan se mit à lancer des pierres vers sa mère, ce qui amena celle-ci à chercher refuge dans une habitation d'où les ouvriers du chantier s'apprêtaient à aller à l'église. Milovan saccagea avec des pierres toutes les portes de cette habitation et en endommagea un mur. Il lançait des pierres sans s'arrêter en direction de cette maison, de sorte que nul ne pouvait en sortir. Outre les ouvriers du chantier de construction, s'y trouvaient alors père Macaire, père Mardarije du monastère de Rezevic, un entrepreneur en travaux publics et quelques autres personnes. Milovan hurlait tout le temps :  « Noirs, blancs jaunes, au secours ! Frappez ! Tirez vite ! » et il ne cessait de lancer des pierres vers cette habitation. Il fallut deux heures au père Mardarije et au père Macaire pour venir à bout de Milovan. Lorsqu'ils y parvinrent enfin, ils le ficelèrent et le conduisirent à l'église. Pendant la Sainte Liturgie, cinq hommes le tenaient sous surveillance. Après la Sainte Liturgie, père Justin décida de l'oindre avec I'Huile Sainte et c'est alors, au milieu de la prière, que Milovan s'écria : « Déliez moi les mains car cela me fait mal » et il revint tout à fait à lui avant la fin de la prière. Il prit normalement le petit déjeuner avec les ouvriers et repartit chez lui avec sa mère complètement guéri. Quelques jours après, père Justin se trouvait à la gare de Belgrade et Milovan s'approcha de lui, en bonne santé et en bon équilibre, et le remercia. Par la suite, lui et sa mère revinrent souvent au monastère. Année 1963. 


Un jour, une mère amena au monastère sa fille Slavka, originaire de Velika Plana, qui était malade possédée par le démon. Elle avait 26 ans et le diable s'exprimait souvent à travers elle. Père Justin priait beaucoup pour elle. À la veille de la fête de Saint Michel L'Archange, l'église était pleine de monde et père Justin lisait le Saint Évangile. Au milieu de la lecture, le démon se mit à parler à travers elle. Père Justin s'arrêta et dit : « Oui, c'est cela, ce n'est pas elle qui s'exprime ainsi, mais le diable à travers elle !» Là dessus, le démon répliqua au père Justin : « J'entrerais bien en toi, mais je ne le puis. » Slavka devait raconter plus tard que sa bouche était comme scellée, qu'elle avait l'impression d'éclater, et pourtant le diable parlait par son intermédiaire. Slavka  séjourna un certain temps au monastère et père Justin dit chaque jour des prières à ses côtés Trois fois, il l'oignit de I'Huile Sainte. Elle se confessa et communia, mais elle ne se sentit pas mieux. Père Justin dit: « Mes prières s'arrêtent, car il y a là un grand péché non reconnu. » Il dit aux moniales qu'elle n'était peut-être pas consciente de l'étendue réelle des péchés et qu'il fallait qu'elles en reparlent avec elle. En parlant avec les moniales, Slavka fit un récit détaillé du péché suivant : « Mes parents, raconta-t-elle avaient deux enfants, moi et mon frère. Celui-ci voulait se fiancer avec une jeune fille dénommée Doushica, qui travaillait dans un bureau de poste, comme mon frère. Ce dernier demanda à ma mère et à moi de faire la connaissance de Doushica. C'était une fille jolie et agréable, mais elle avait une jambe plus courte que l'autre, cela ne nous plut pas et nous fûmes contre le projet de fiançailles. Mon frère appela alors Doushica au téléphone et mit ainsi fin à son engagement envers elle. Ses collègues de travail devaient raconter plus tard que, contrairement à ses habitudes elle ne quitta pas ce soir-là son bureau en compagnie de ses collègues, mais prit une route conduisant vers une voie de chemin de fer. Un train s'approchait au loin et elle se mit à courir. Un vieil homme s'approcha d'elle, lui saisit la main et lui demanda : « Ou vas-tu mon enfant ? » Elle s'échappa alors et, au dernier moment, se jeta sous le convoi qui arrivait. En faisant ce récit aux soeurs, Slavka ne savait pas que tout ceci était un péché. Ensuite, elle se confessa et adressa une demande à l'évêque afin qu'un service pour le repos de l'âme de Doushika fut célebré. Ce qui fut fait sur sa tombe et père Justin célébra quarante Saintes Liturgies à sa mémoire. Lorsque tout ceci fut accompli, Slavka rentra chez elle, guérie. Année 1964. 


Un certain Sreten, originaire de Gornja Leskovica près de Valjevo, était très malade - il avait complètement perdu la raison. II allait dormir dans les forêts, hurlait, courait dans tous les sens et lançait des pierres sur les gens. II assassina son propre oncle. Un jour, pendant la Sainte Liturgie, il accourut à l'église, baisa toutes les icônes sans exception et se mit à prier à voix haute. Père Justin dit une prière à son intentîon et il fut guéri définitivement. Année 1969. 


Traduit du serbe par Lioubomir Mihailovitch

Entretien avec Sa Béatitude le Patriarche Diodore Ier sur le miracle du Feu Sacré

 

Entretien avec Sa Béatitude le Patriarche Diodore Ier sur le miracle du Feu Sacré

 Par Niels Christian Hvidt


Sa Béatitude le Patriarche Diodore Ier est né en 1923. Il est venu pour la première fois à Jérusalem en 1938 et a assisté au miracle du Feu Sacré depuis lors. En 1981, il a été élu patriarche et a donc été le témoin clé du Feu Sacré 19 fois jusqu'à sa mort en décembre 2000, car les patriarches grecs-orthodoxes entrent toujours dans la petite chapelle du tombeau où la flamme apparaît en premier lieu. Je me suis entretenu avec lui lors de la Pâque orthodoxe de 2000.


"Votre Béatitude, que se passe-t-il réellement lorsque vous entrez dans le tombeau le samedi saint pendant la cérémonie du Feu Sacré ?"


"Après avoir éteint toutes les lumières, je me prosterne et j'entre dans la première chambre du tombeau. De là, je me fraie un chemin dans l'obscurité jusqu'à la chambre intérieure du tombeau où le Christ a été enseveli. Là, je m'agenouille dans une sainte crainte devant l'endroit où notre Seigneur a reposé après sa mort et où il est ressuscité des morts.


Prier dans le Saint-Sépulcre est pour moi un moment très saint dans un lieu très saint. C'est d'ici qu'il est ressuscité dans la gloire et qu'il a répandu sa lumière sur le monde. Jean l'Évangéliste écrit dans le premier chapitre de son Évangile que Jésus est la lumière du monde.


En nous agenouillant devant le lieu où il est ressuscité, nous nous trouvons dans la proximité immédiate de sa glorieuse Résurrection. Les catholiques et les protestants appellent cette Église "l'Église du Saint-Sépulcre". Nous l'appelons "l'Église de la Résurrection". La résurrection du Christ est pour nous, orthodoxes, le centre de notre foi, car le Christ a remporté la victoire finale sur la mort, non seulement sur sa propre mort, mais aussi sur la mort de tous ceux qui resteront près de lui.


Je pense que ce n'est pas une coïncidence si le Feu Sacré apparaît exactement à cet endroit. Dans Matthieu 28,3, l'Évangile dit que lorsque le Christ est ressuscité des morts, un ange est venu, tout habillé d'une lumière effrayante. Je crois que la lumière intense qui a enveloppé l'ange lors de la résurrection du Seigneur est la même que celle qui apparaît miraculeusement chaque samedi de Pâques.


Le Christ veut nous rappeler que sa résurrection est une réalité et non un mythe ; il est réellement venu dans le monde pour offrir le sacrifice nécessaire par sa mort et sa résurrection afin que l'homme puisse se réunir à son Créateur.


Dans le tombeau, je dis des prières particulières qui nous ont été transmises au cours des siècles et, après les avoir dites, j'attends. Parfois, j'attends quelques minutes, mais normalement, le miracle se produit immédiatement après avoir dit les prières. Une lumière indéfinissable jaillit du cœur de la pierre sur laquelle Jésus a reposé.


Elle a généralement une teinte bleue, mais la couleur peut changer et prendre de nombreuses nuances. Elle ne peut être décrite en termes humains. La lumière s'élève de la pierre comme la brume s'élève d'un lac - on dirait presque que la pierre est recouverte d'un nuage humide, mais c'est de la lumière.


Cette lumière se comporte différemment chaque année. Parfois, elle ne recouvre que la pierre, tandis que d'autres fois, elle éclaire tout le Sépulcre, de sorte que les personnes qui se trouvent à l'extérieur du tombeau et qui regardent à l'intérieur voient le tombeau rempli de lumière. La lumière ne brûle pas - je n'ai jamais eu la barbe brûlée depuis seize ans que je suis patriarche à Jérusalem et que je reçois le Feu Sacré. La lumière est d'une consistance différente du feu normal qui brûle dans une lampe à huile.


À un certain moment, la lumière s'élève et forme une colonne dans laquelle le feu est d'une nature différente, de sorte que je peux y allumer mes bougies. Lorsque j'ai ainsi reçu la flamme sur mes bougies, je sors et je donne le feu d'abord au patriarche arménien, puis au copte. Ensuite, je donne la flamme à toutes les personnes présentes dans l'Église".




"Comment vivez-vous le miracle et qu'est-ce que cela signifie pour votre vie spirituelle ?"


"Le miracle me touche aussi profondément chaque année. C'est chaque fois un pas de plus vers la conversion. Pour moi, il est très réconfortant de considérer la fidélité du Christ à notre égard, dont il fait preuve en nous donnant chaque année la Flamme Sacrée en dépit de nos fragilités humaines et de nos échecs. Nous faisons l'expérience de nombreuses merveilles dans nos églises, et les miracles ne nous sont pas étrangers.


Il arrive souvent que les icônes pleurent, lorsque le Ciel veut manifester sa proximité avec nous ; de même, nous avons des saints, à qui Dieu accorde de nombreux dons spirituels. Mais aucun de ces miracles n'a pour nous une signification aussi pénétrante et symbolique que le miracle du Feu Sacré. Ce miracle est presque un sacrement. Il rend la résurrection du Christ aussi réelle pour nous que s'il était mort il y a seulement quelques années".


Source : Mystagogy