L'amour est plus grand que le jeûne


Dans la première moitié du siècle dernier régnait sur Ohrid Dzeladin Bey, rebelle au sultan et seigneur indépendant. A l'époque, l'Église était dirigée par le métropolite Callinique,Dzeladin Bey et Callinique étaient de très bons amis, bien que de confession différente, et ils se rendaient souvent visite mutuellement. Un jour, Dzeladin Bey condamna vingt-cinq chrétiens à la pendaison. Ces derniers devaient être exécutés le jour du Vendredi Saint. Le métropolite,tout affecté par cette nouvelle, s'en alla trouver Dzeladin Bey pour le prier d'adoucir cette peine. Tandis qu'ils s'entretenaient, vint l'heure du repas de midi, et le Bey invita le métropolite à déjeuner. Pour le déjeuner il y avait de la viande d'agneau apprêtée. Le métropolite s'excusa de ne pouvoir rester déjeuner en raison du Carême, et se préparait à sortir. Le Bey en fut tout affligé, aussi dit-il au métropolite: «Choisis, soit tu manges avec moi et tu libères ainsi les vingt-cinq condamnés à la pendaison, soit tu ne manges pas avec moi et tu abandonnes ainsi ces derniers à mourir par pendaison.» Le métropolite fit un signe de croix, puis il s'assit pour déjeuner, et Dzeladin libéra les condamnés.


Source : Prologue d'Ohrid 

Saint Nectaire soigne le cousin d'un roi musulman

 

Le 3 septembre 1953, jour de la translation des reliques de saint Nectaire, évêque de la Pentapole et thaumaturge, se trouvaient parmi les pèlerins et visiteurs du monastère, l'oncle de Farouk, roi d'Egypte à cette époque, avec son épouse. Cette dernière était chrétienne orthodoxe alors que son époux était un Egyptien musulman. Puisqu'aucun des deux ne savait le grec, l'échange s'avérait difficile avec les sœurs du monastère, qui ne connaissaient pas non plus de langues étrangères. L'ex-métropolite de l'Elide Antoine, qui se trouvait lui aussi au monastère à l'occasion de la translation des précieuses reliques de saint Nectaire, assura la fonction d'interprète en passant par le français. On l'informa donc du fait que l'oncle de Farouk avait eu une embolie et que pour cette raison il ne pouvait bouger ni la jambe, ni le bras. Autant en Egypte qu'en Grèce, les médecins lui avaient formellement déclaré qu'aucun traitement ne pourrait l'aider. Dans le désespoir dû à son état, il avait écouté l'exhortation de sa pieuse et vertueuse épouse qui, elle, savait l'extraordinaire puissance thaumaturgique de saint Nectaire et qui nourrissait à son égard une foi inébranlable, grâce aux nombreux récits qu'elle avait entendus à Athènes. Elle le convainquit donc d'aller au plus vite prier sur le tombeau du saint thaumaturge et de lui demander instamment sa grâce pour recevoir la guérison. Par suite, comme le malade et son épouse l'avaient demandé au prêtre du monastère, ils lurent l'office d'intercession devant le tombeau du saint. Là, tout en pleurs, le malade promit qu'il était disposé, s'il guérissait, à renoncer à la religion de Mahomet et à devenir chrétien. Trois ou quatre heures après leur départ, on fit savoir au monastère que le malade musulman, aussitôt après son embarcation sur le bateau à vapeur, avait commencé à marcher librement. Il pouvait de nouveau bouger sa jambe et son bras ! Arrivé guéri au Pirée, le miraculé annonçait sa conversion avec piété et force larmes à ceux qu'il rencontrait.


Source : Sous l'étole bénie de Nectaire d'Egine. Sa vie et ses Miracles

Saint Gérasime du Jourdain

 


Ce saint illustre s'initia d'abord à la vie ascétique en Thébaïde égyptienne; puis il se rendit près du Jourdain, où il fonda une communauté de soixante-dix moines environ, qui se perpétue encore aujourd'hui. Il établit un règlement particulier pour ce monastère: les moines passaient cinq jours par semaine dans leurs cellules, y tissant des paniers et des tapis et sans avoir le droit de se chauffer; durant ces cinq jours, ils ne mangeaient qu'un peu de pain sec et quelques dattes; les moines devaient laisser leurs cellules ouvertes, même quand ils ne s'y trouvaient pas, de façon que chacun puisse, s'il le souhaitait, prendre quelque chose dans la cellule d'un autre. Le samedi et le dimanche, ils s'assemblaient dans l'église du monastère, prenaient en commun leur repas de légumes cuits et absorbaient un peu de vin à la gloire de Dieu. À cette occasion, chaque moine déposait aux pieds de l'higoumène l'ouvrage qu'il avait fabriqué au cours des cinq jours écoulés. Chaque moine ne disposait que d'un vêtement unique. 

Saint Gérasime fut un exemple pour tous. Pendant le Grand Carême, il ne mangeait rien d'autre que ce qu'il avait reçu lors de la Sainte Communion. Un jour, il vit un lion qui se tordait de douleur à cause d'une épine plantée dans sa patte. Gérasime s'en approcha, fit le signe de croix et retira l'épine de la patte de l'animal. Le lion se trouva tellement apprivoisé qu'il suivit le vieil homme au monastère et y demeura jusqu'à la mort du vieillard; quand celui-ci mourut, le lion succomba de douleur à sa suite. Gérasime participa au IVe Concile [œcuménique], à Chalcédoine en 451, à l'époque de Marcien et de Pulchérie; bien qu'il eût d'abord incliné un peu en faveur de l'hérésie monophysite d'Eutychès et de Dioscore, il fut, lors de ce concile, un grand champion de l'Orthodoxie, après avoir été détourné de l'hérésie par saint Euthyme. Parmi les disciples de Gérasime, le plus illustre fut saint Cyriaque l'Anachorète. Saint Gérasime est entré dans le repos en 475, rejoignant alors la joie éternelle de son Seigneur.


Source : Synaxaire