Père Épiphane Théodoropoulos - L'abstinence


"Père," lui dit quelqu'un, "vous les chrétiens vous allez à l'encontre de la nature avec vos sermons concernant l'abstinence. De quel droit faites-vous cela? La nature savait très bien ce qu'elle faisait en mettant l'instinct sexuel en l'homme. Qui êtes-vous pour essayer de le subjuguer?"


"Mon enfant, Dieu a placé cet instinct en l'homme, mais Il ne l'y a pas mis seul. Il l'a directement associé avec toutes les responsabilités qui accompagnent la préservation de l'espèce. L'homme, cependant, ne garde qu'un aspect de la chose: le plaisir. L'autre aspect, qui se nomme responsabilité, il le jette à la poubelle. Alors, dis-moi, qui va à l'encontre de la nature? Nous les chrétiens, ou bien vous?"


Source : Orthodoxologie 

Un volontaire ottoman défend Constantinople assiégée (1453)

 

Par Nikos Nikoloudis


Lors de la chute de Constantinople, en 1453, les Grecs n'étaient pas les seuls à se battre contre les Turcs, comme on le croit souvent, mais un grand nombre d'étrangers étaient également impliqués. Certains d'entre eux ont été contraints de se battre aux côtés des Ottomans, comme un groupe de Serbes envoyés par le despote de la Serbie médiévale, Đurađ Branković, qui était un sujet des Ottomans. D'autres encore, comme Orban, le fabricant de canons hongrois (ou roumain), se joignirent aux Ottomans dans l'espoir d'en tirer profit (Orban fut richement récompensé pour la construction de la bombarde massive que les Turcs utilisèrent pendant le siège et qui fut pointée, pour l'essentiel, sur la porte de Saint Romanos). La plupart des étrangers se trouvaient cependant dans le camp adverse, du côté des Byzantins. Il est bien connu qu'à proximité ou à l'intérieur de Constantinople vivaient de nombreux étrangers, principalement des Italiens, qui entretenaient des intérêts commerciaux dans la ville. Ils étaient inévitablement obligés de participer à sa défense, afin de préserver leur position commerciale privilégiée. Parmi eux se trouvaient des habitants de Venise, d'Ancône et de Catalogne, tandis que les Génois, qui contrôlaient la banlieue voisine de Peran (l'actuelle Galata), ont maintenu une position favorable à l'égard des Constantinopolitains après le début du siège final.


Certains étrangers vinrent à Constantinople comme volontaires du côté des défenseurs, afin de participer aux opérations dans un "esprit de croisade", soit par opportunisme, soit dans l'espoir d'un vague profit. Le plus connu d'entre eux est le conditiere Giovanni Giustianini Longo, à la tête d'un corps de mercenaires de 700 cavaliers lourds qui forment la "force de frappe" des défenseurs. Parmi eux se trouvaient également les trois frères Bocciardi, à la tête d'une force plus réduite, à qui l'on attribue le malheur de la Kerkoporta[1], qui se trouvait dans la partie des murailles qu'ils défendaient. Le fait que Constantin Paléologue ait nommé Longo protostrator (général en chef) et lui ait promis de lui donner l'île de Limnos si les Ottomans étaient finalement repoussés, tout en chargeant d'autres volontaires de la défense de portions particulières des murs, montre l'importance que Constantin Paléologue attachait à la participation de volontaires étrangers à sa défense. Parmi eux, quatre éminents Vénitiens se chargèrent de la défense des portes principales correspondantes dans les murailles terrestres, recevant de Constantin Paléologue les clés qui les accompagnaient. Selon un témoin oculaire du siège, l'empereur avoua que Constantinople appartenait désormais davantage aux Vénitiens qu'aux Byzantins.


Mais le cas le plus improbable parmi les volontaires étrangers est certainement celui du prince ottoman Orhan, sur lequel les informations sont limitées et vagues. Le prince était un parent éloigné de Mehmed II, selon un point de vue son cousin au second degré. Selon cette approche généalogique, Orhan était le petit-fils de Süleyman Çelebi, le frère aîné du sultan Mehmed Ier (1413-21). Les deux frères, ainsi qu'un troisième, Musa, avaient accédé au trône ottoman après la capture inattendue de leur père Bayezid Ier par Tamburlaine à la bataille d'Ankara. En raison de l'issue malheureuse de la bataille pour les Ottomans, leur État est tombé dans le maelstrom d'une longue guerre civile. Le premier à s'emparer du trône est Süleyman (1403-11), qui est cependant déposé et tué par son frère Musa, un homme de guerre, qui gouverne à son tour pendant deux ans (1411-13). Ses intentions hostiles à l'égard de l'empire byzantin incitèrent l'empereur Manuel II Paléologue à pousser le troisième frère survivant, Mehmed, à la révolte, et c'est ce dernier qui finit par triompher.


Au cours de ces événements, les descendants de Süleyman ont trouvé refuge à Constantinople "neutre", où les Byzantins les ont gardés, afin de les utiliser comme "contrepoids", en provoquant la guerre civile dans l'État ottoman lorsque les conditions le permettaient. (Les Ottomans avaient fait exactement la même chose avec l'Empire byzantin dans la seconde moitié du XIVe siècle, en renforçant divers descendants de la dynastie des Paléologues dans leurs ambitions de s'emparer du trône impérial). Le prince Orhan a vécu à Constantinople dans ces conditions dès son enfance. En effet, plutôt que de le voir quitter la ville, le sultan Murat II, père de Mehmed II, avait accepté de verser aux Byzantins une prime de 3 000 aspra[2] prélevée sur les revenus des villes situées le long du tronçon méridional du fleuve Strymon.


Par une ironie du sort, le non-paiement de cette somme fut l'étincelle qui déclencha les hostilités qui conduisirent à la chute de Constantinople. Lors de son accession au trône, en février 1441, Mehmed II s'était engagé à poursuivre ces paiements, mais, à l'automne de la même année, il ne l'avait toujours pas fait, car il était engagé dans la répression d'une rébellion sur ses terres d'Asie Mineure. Constantin Paléologue estime que ce concours de circonstances est propice à une démonstration de force et menace Mehmed de libérer le prince Orhan s'il n'envoie pas l'argent. Ce manque de clairvoyance diplomatique de sa part lui sera fatal, fournissant au sultan ottoman le prétexte qu'il cherchait pour déclencher la guerre.

Au début du siège, le prince Orhan s'est porté volontaire pour entreprendre, avec ses propres hommes, la défense d'une partie des murailles, une action particulièrement honorable, surtout si on la compare à l'attitude de nombreux habitants de la ville, qui ont choisi de suivre passivement le cours des événements. Il fut donc chargé de surveiller une partie des murailles de Propontis, y compris le port d'Eptaskalio. Cette partie des murailles fut défendue avec courage les quelques fois où la flotte ottomane tenta de créer une diversion pour les défenseurs du côté de Propontis. Lors de l'entrée des envahisseurs dans Constantinople, selon Runciman, le prince Orhan et ses Turcs continuèrent à se battre, sachant pertinemment le sort qui les attendait s'ils tombaient entre les mains du sultan (The Fall of Constantinople, p. 211).


La chute a cependant scellé son propre destin. Toutes les sources rapportent qu'il a été tué, bien qu'elles ne s'accordent pas sur la manière précise dont il est mort. Selon Laonikos Halkokondylis (livre VIII), il s'est suicidé en sautant d'une tour pour éviter d'être capturé, après s'être déguisé en moine. Kritovoulos (livre I, chap. 64, par. 1 et 2) affirme qu'il s'est déguisé en soldat ordinaire et a tenté de s'échapper en utilisant sa connaissance du turc, mais qu'il a été reconnu et s'est suicidé en sautant du haut du mur. Les soldats turcs lui ont ensuite coupé la tête et l'ont apportée à Mehmed. Enfin, selon Doukas (chap. XL, par. 4), qui se trouvait à Constantinople peu après la chute et qui a sans doute recueilli des témoignages verbaux, il a été livré à l'amiral Hamza Bey par un prisonnier (en échange de sa propre liberté), après avoir été capturé en essayant de s'échapper de la porte "des Francs" déguisé en moine. Il fut ensuite décapité par ce dernier.


Mehmed profite doublement de la mort d'Orhan : non seulement il capture "la reine des villes", mais il se débarrasse aussi du seul prétendant vivant à son trône. La brève carrière militaire de ce prince ottoman plutôt inconnu le place toutefois parmi les bizarreries les plus intéressantes de l'histoire.



1] Selon l'historien Doukas, le matin du 29 mai 1453, une petite poterne connue sous le nom de Kerkoporta a été laissée ouverte par accident, permettant aux premières troupes ottomanes d'entrer dans la ville. (note de traduction)


[2] Pièce de bronze lavée à l'argent (note)


Source : Mystagogy

«En voilà une bénédiction !»

Le Père Charalampos Anastasis, prêtre ordinaire de Kallithéa dans la région de Konitsa, rapporte : 

« Une année, après la fête de la Grande Lavra, je fis six heures de marche pour voir l'Ancien à la Panagouda. Il y avait vingt-cinq ans que je ne l'avais pas vu. Je le trouvai dans le bois. Il me reconnut tout de suite et, ce qui est notable, c'est qu'il me dit la date de mon accession au diaconat et à la prêtrise. Je lui dis : "Père, ne pourrions-nous pas manger un peu ? — J'ai de quoi", me dit-il. Il me montra un sac en plastique, contenant trois toutes petites tomates et une biscotte et demie. Je me suis dit: "Voilà ce que l'on va manger ?" Je n'en pouvais plus et je lui dis : "C'est tout ce que l'on va manger ? Je suis à jeun depuis hier, même vingt de ces tomates ne me suffiraient pas." Il me répondit : "Papa* Charalampos, nous dirons une prière, toi tu les béniras, et elles se multiplieront." Il ouvrit le sac, le déchira en forme de croix et l'étendit comme une nappe. Il me donna deux tomates et une biscotte, il garda pour lui une demi biscotte et une tomate. Nous nous levâmes donc, nous dîmes une prière normalement, puis il ajouta: "Bénis, Père." Je les bénis, et nous mangeâmes. Où alla cette faim ? J'étais totalement rassasié. Comme si l'on m'avait gavé. J'étais rassasié et je ne pouvais pas venir à bout de la biscotte, j'en laissai un peu. Je voulais sans cesse de l'eau. L'Ancien me dit: "Mange, Papa Charalampos. Comment pourrais-je manger ? je suis rassasié!" Toute la journée suivante, où que j'aille, je ne pus ni manger, ni grignoter. Je ne cessais de demander de l'eau. Cela m'impressionna et par la suite, alors que je marchais seul, je me suis dit: "En voilà une bénédiction ! Le Christ agit de même, il bénit cinq pains et deux poissons, et rassasia plus de cinq mille personnes, sans compter les femmes et les enfants." »


Source : L'Ancien Païssios de la Sainte-Montagne

Guérison d'une femme turque sourde-muette


Au village d'Avra de Kalambaka, sous la turcocratie, le Père Panayotis Paraskevas était le prêtre du village. Nous savons très peu de choses à son sujet. Lui-même avait noté quelque part qu'il avait été ordonné diacre dans le village de Dialysi et prêtre à Kastraki. Il desservit ensuite le village d'Avra entre 1861 et 1886. Son épouse s'était précocement endormie dans le Seigneur, en même temps que leur premier enfant nouveau-né. Le Père Panayotis avait ensuite vécu comme un moine. Il accomplissait ses devoirs sacerdotaux avec rigueur et y consacrait toute son attention. La tradition du village se souvient de deux grandes oeuvres du Père Panayotis. La première est l'iconographie de l'église du monastère Saint Nicolas, qui fut réalisée en 1869, à ses frais, comme en témoigne l'épigraphe. Quant à la seconde, elle révéla sa sainteté. Il s'agit du miracle de la guérison de la fille sourde et muette du Turco-Albanais Daïlian-Agha, le dernier agha du village. Celui-ci l'avait emmenée consulter de nombreux médecins, sans résultat. Finalement, il se rendit chez le serviteur du Dieu véritable, le Père Panayotis. Le saint prêtre jeûna, pria, lut une prière à la jeune fille et fit sur elle le signe de la croix. La sourde-muette se mit miraculeusement à parler et recouvra l'audition. En signe de gratitude, son père offrit à l'Église, par wakf, huit hectares de champs qu'elle possède encore aujourd'hui, ainsi qu'un terrain près de la place principale sur lequel fut construite l'église Saint-Athanase. À la suite de ce miracle, Daïlian-Agha respecta et honora notre foi.


Source : Petits miracles, histoires édifiantes