Est-il convenable qu'au XX siècle on parle de rêves ? Et cependant, une nuit bénie vint dans mon sommeil celui qui m'accorderait la foi, qui deviendrait mon protecteur et le compagnon de route de ma vie : mince, avec des yeux lumineux, une barbe clairsemée, vêtu d'un rason usé et coiffé d'un petit skoufos. Je l'ai vu tout vivant en train de manger des poissons, et en dessous de lui étaient assis des petits enfants de tous âges qui demandaient eux aussi de la nourriture. Je me suis fâchée contre le moine et lui ai dit : «Que fais-tu, moine, toi tu manges, et tu ne donnes rien aux enfants? » Il me regarda et la flamme de ses yeux m'inonda. «Moi, répondit-il, d'où je suis je ne peux pas, mais vous, à votre place, que donnez-vous ? Et toi, as-tu donné de la nourriture aux enfants ?» «Comment t'appelles-tu ? Qui es-tu ?» lui demandai-je.«Mon nom est Éphrem» me répondit-il, et mon rêve s'évanouit avec lui. Il s'évanouit aussi de mon esprit, je l'oubliai...
Deux ans plus tard, mon état de santé nécessitait une grave opération. Au moment où l'on m'anesthésiait, avant que je ne m'endorme, j'entendis une voix à mon oreille : «Margarita,n'aie pas peur, je suis là, près de toi. C'est aujourd'hui ma fête». Quand je me suis réveillée, le médecin me dit : «Tout s'est bien passé !» «Docteur, qui était près de moi au bloc chirurgical et dont c'est la fête aujourd'hui ?» «Personne» me répondit-il. Ma sœur ouvrit le calendrier et me dit que le 29 janvier est le jour de la fête de saint Éphrem le Syrien. En entendant le nom d'Éphrem, je me suis rappelée celui que j'avais oublié depuis deux ans. Lui cependant s'était souvenu de moi, et il était près de moi...!
J'appris ensuite tout ce qui concerne le monastère et le Saint dont l'higoumène Makaria avait découvert les saintes reliques à Néa Makri. Depuis, j'y suis allée de nombreuses fois et j'ai maintenant un Saint à moi, un protecteur. C'est mon Cyrénéen qui porte avec moi chacune de mes croix, qui prend soin de toute chose spirituelle, qui me protège, qui parle à mon âme. Je le sens toujours qui prie avec moi, là-haut, devant le trône de Dieu. J'ai quelqu'un à moi au Ciel, j'ai foi en lui et je le confesse !
Source : Margarita Charakokou, Patision 59, Athènes.